Yoko Ono, l’artiste et la muse…

yoko onoYoko Ono est une artiste avant-gardiste et multicarte à  l’oeuvre relativement peu connue hors des cercles spécialisés. Cette mystérieuse japonaise est célèbre pour être devenue la muse d’une des plus grandes rock-star de tous les temps, John Lennon. Certain parlent d’ensorcellement. Les mêmes lui reprochent même d’être la cause de la séparation des Beatles.

Elle naît en 1933 dans le milieu très aisé d’une famille de banquiers. Son enfance sera marquée par un premier contraste, celui de grandir dans deux pays, les Etats-Unis et le japon, aux cultures diamétralement différentes. Elle passe ses premières années à  San Francisco, revient avec sa famille au Japon en 1937, avant de s’établir définitivement au pays de l’Oncle Sam après la guerre. Durant cette période troublée, elle passe aussi d’une vie insouciante et relativement facile à  des périodes très difficiles de quasi misère lorsque sa famille fuit Tokyo et les bombardements terribles, menés par les Américains, que subit la ville.




Ce sont en partie ces clashs de cultures et de vie qui construiront une jeune femme complexe, dont le désir de s’exprimer par le biais de l’art sera très précoce. Mais là  encore, Yoko Ono sait dès le début que les formes artistiques traditionnelles sont trop restrictives pour elle. Elle veut aller plus loin, passer les frontières, ignorer des règles, casser les carcans, pour passer ses messages et sublimer une douleur personnelle qui la mènera plus tard à  tenter de se suicider.

Encore adolescente lorsque sa famille s’installe à  New York, elle se lance immédiatement dans l’apprentissage de multiples disciplines artistiques comme l’écriture, le théâtre, la musique. Son maître mot est nouveauté et avant-gardisme. Peu à  peu, au fil des rencontres et des années, seule ou au sein de divers collectifs d’artistes, elle acquière une certaine notoriété. Son parcours croise de nombreuses personnalités parmi lesquelles John cage, Keith Harring ou Andy Warhol. Sa vie intime est marquée par deux mariages, avec le musicien Toschi Ichiyanagagi en 1956, puis avec le réalisateur et jazzman Anthony Cox en 1962. De ce second union naît une petite Kyoko.

Yoko Ono, John Lennon et Paul McCartney en 1968 à  la première de Yellow SubmarineC’est fin 1966 qu’a lieu à  Londres la rencontre entre Yoko et John Lennon à  l’occasion du vernissage d’une exposition d’art conceptuel. Lennon est littéralement captivé par le travail, puis par la personne, de l’artiste japonaise en qui il voit LA personne, l’alter ego à  la fois tellement éloigné et tellement proche qui lui manquait. Durant des mois leur relation se transforme en amour fusionnel, les deux divorcent respectivement d’Anthony Cox et Cynthia Powel pour se marier ensemble en octobre 68.

Cette nouvelle vie Pour Yoko et John, qui deviendra un couple de légende très prolifique artistiquement parlant, commence par une rupture, celle des Beatles. Yoko, comme beaucoup de fans voyant en elle une mystérieuse malfaisante le pensent encore, en est-elle la cause ?

D’après de nombreux témoignages, à  commencer par ceux des autres Beatles, Yoko ne quittait plus John Lennon, y compris lors des sessions et enregistrements du groupe, ce qui avait toujours constitué une source de contrariété pour eux. Cependant, elle arrive dans la vie de Lennon alors que la désagrégation du groupe était déjà  largement engagée et probablement inéluctable. Les Beatles, un groupe bancal à  deux locomotives, dont les membres se cherchaient en fait tous plus ou moins après les succès phénoménale qu’ils avaient connu, n’était tout simplement pas un assemblage stable. Après des années d’excès ses membres étaient fatigués, le ciment craquait, et dans cette perspective Yoko Ono a juste été un des facteurs de son split et non sa cause principale.

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Yoko Ono et John Lennon en plein bed-in pour la paixD’ailleurs, si Lennon est si épris de sa nouvelle femme, s’il s’engage dans une relation si fusionelle, c’est justement parce qu’il était en demande d’autre chose, d’une nouvelle direction, d’une nouvelle vie. Certains disent même qu’il était « au plus mal » et que Yoko l’a littérallement sauvé, quite à  contribuer à  la fin du légendaire groupe de Liverpool.

Jusqu’au 8 décembre, date de l’assassinat de Lennon par le déséquilibré Mark Chapmann, le couple Ono Lennon devient une icone des années 70 par sa production artistique prolifique et son activisme politique pacifiste. Tout le monde a en effet en mémoire les célèbres manifestations d’un type nouveau pour la paix, croisement du sens artistique avant-gardiste d’Ono et de l’engagement politique du couple, les bed-in pour la paix. Durant cette période, Lennon compose une floppée de chansons inoubliables parmi lesquelles Give Peace a Chance, Jealous Guy, Woman, Instant Karma, Working Class hero, Imagine… Yoko est omniprésente dans cette oeuvre (crédité souvent à  John Lennon and the Plastic Ono Band…) mais elle a aussi, seule ou avec John, une production musicale beaucoup plus expérimentale, notamment dans le domaine de la musique électronique, qui est un peu moins connue.

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Après la mort de John, Yoko se consacre au fils qu’elle a eu avec lui en 1975, Sean, et à  la gestion de l’immense héritage qu’il lui a laissé. Cependant elle continue toujours et encore sa vie d’artiste en ne sortant pas moins d’une douzaine d’albums entre 1980 et 2000. Les derniers en date étant deux CDs de remixes de ses précédentes oeuvres sortis en 2007, dont l’un est ironiquement nommé « yes, I’m a witch » (« oui je suis une sorcière »…).

Yoko Ono en 2001Ce titre résume bien la façon dont est toujours perçue Yoko Ono, sur laquelle semble encore planer une aura énigmatique. En résumé, elle est une artiste écorchée et avant-gardiste dont l’oeuvre laissera sceptique le commun des mortels. Elle est pour certains la fossoyeuse du plus grand groupe pop de tous les temps. Elle est aussi une mère dont les relations avec certains enfants seront parfois difficiles (avec Julian le fils que John eut avec sa première femme, et Kyoko, la fille qu’elle a eu avec son second mari…). Ajoutons en toile de fond de tout cela ces célébrissimes photos où, en compagnie de John, elle affiche devant l’objectif son visage austère sous ses longs cheveux noirs tombants, photos faisant d’elle une sorte de Morticia Adams exotique…

Yoko Ono aurait voulu faire figure, aux yeux du public, d’épouvantail qu’elle ne s’y serait pas prise autrement.

Mais si tout cela n’était pas, au contraire, la plus réussie de ses provocations ? En tout cas une personne au moins, John Lennon, l’avait parfaitement  comprise et appréciée. Et s’il était encore là  il chanterait peut-être Give Yoko a Chance

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