Rosa Parks, une femme battante

Rosa Parks, avec Martin Luther King dans son ombre...En 1865, le Président Lincoln abolit l’esclavage. C’est la fin de la guerre civile américaine,  et le début d’une nouvelle ère pour les afro-américains.  En 1870, grâce au XVIe amendement,  ces derniers obtiennent enfin le droit de vote. Cependant, les mentalités n’évoluent pas rapidement : une nouvelle série de lois votées dans les États du Sud (les lois Jim Crow), limitent leurs droits dans de nombreux domaines.  Même si les esclaves sont dorénavant libres aux yeux de la loi, ils ne continuent pas moins à être opprimés par les groupuscules racistes comme le très puissant Ku Klux Klan..




L’époque de la ségrégation raciale, dont l’idéologie hypocrite du  « séparés mais égaux », commence. Les noirs profitent des mêmes services que les blancs : ils peuvent en théorie vivre comme les blancs, prendre le bus, accéder aux soins… Mais dans les faits les services qui leur sont proposés sont d’une qualité bien moindre. Ces inégalités sociales sont entérinées par la Constitution américaine en 1896 à la suite de l’affaire « Plessy contre Ferguson », qui institue légalement la ségrégation.

Dès les années 50, les militants des mouvements pour les droits de l’Homme luttent sans relâche pour faire abroger les lois qui découlent de la philosophie du « séparés mais égaux ». Parmi eux, Rosa Parks.

Rosa Louise McCauley est née en  1913 et a grandi dans l’Amérique ségrégationniste : Elle raconte, dans son autobiographie, avoir vu défiler le cortège du Ku Klux Klan devant chez ses parents alors qu’elle n’était qu’une enfant. Elle épouse en 1932 Raymond Parks, un membre du NAACP (Association Nationale pour l’avancée des droits des personnes de couleur). Elle en devient membre à son tour, en tant que secrétaire, dès 1943, pas tant par conviction que par timidité, comme elle l’avoue elle-même : « J’étais la seule femme, ils avaient besoin d’une secrétaire, et j’étais trop timide pour oser dire non ».

Une reconstitution photographique du geste héroïque de Rosa ParksAu début des années 50, Rosa Parks vit à Montgomery, dans l’Alabama, et travaille en tant que caissière dans un magasin. Pour se rendre à son travail, elle prend quotidiennement le bus. L’Etat d’Alabama est particulièrement ségrégationniste, et si les noirs sont autorisés à monter dans les mêmes bus que les blancs, les places assises à l’avant des véhicules sont exclusivement réservées aux blancs. Le premier décembre 1955, elle monte dans le bus et paie son trajet, comme tous les jours. Mais cette fois-ci, elle s’assied au premier rang et refuse de céder sa place aux passagers blancs. Le chauffeur du bus est contraint d’appeler la police car Rosa Parks, déterminée, reste assise. Elle passera la nuit en prison, et sera condamnée à une amende pour son acte subversif.

Elle n’est pas la première afro-américaine à se conduire de la sorte. Mais E.D. Nixon, l’élu local de l’association de Rosa Parks, sent bien que son acte pourrait avoir une portée toute autre. Il organise un boycott massif de la ligne de bus de Montgomery. Le retentissement est immense  dans tout le pays. Les groupes racistes répondent avec violence, attentant à la vie de Martin Luther King et de E.D. Nixon. Le boycott de Montgomery est une des mobilisations les plus importantes menée aux États-Unis, et les historiens s’accordent pour dire qu’il a favorisé la montée en puissance de Martin Luther King. Rosa Parks perd son travail à la suite de son arrestation, mais son geste courageux marque un tournant dans l’Histoire des droits des afro-américains aux USA, dont elle demeure un symbole.