Il y a le Che sur les tshirts, le sous-commandant Marcos comme précurseur, José Bové qui a galvanisé les foules, le président brésilien Lula en politique modèle, il faudra peut-être bientôt ajouter à cette galerie d’icones alter-mondialistes une jeune canadienne de 38 ans qui fait de plus en plus parler d’elle grâce à ses livres : Naomi Klein.
Comme on dit couramment à l’ère de l’internet 2.0, Naomi Klein fait le « buzz ». Avec son joli minois, son style très executive woman sophistiquée, et surtout une plume brillante et incisive, elle ajoute la touche de glamour et de branchitude qui manquait à un mouvement global dont l’image est parfois un peu rustique. Puis le sourire de Naomi, c’est en effet autre chose que les moustaches de José…
Il faut dire que la contestation du système en place semble génétique chez les Klein. Grands-parents marxistes américains, famille quittant les USA pour le Canada afin de protester contre la guerre du Viet-Nam, des parents et un frêre investis dans le social, il fallait bien que Naomi trouve sa voie, sa manière de servir la cause : ça sera par l’écriture.
Les ouvrages de Naomi Klein
Après avoir fait ses armes dans le journal étudiant de l’université de Toronto, où elle étudie l’économie, elle publie son premier essai en 2000 qui devient rapidement un énorme best-seller : No Logo, la tyrannie des marques. Ce premier livre, véritable brûlot, s’attaque aux multinationales et grandes corporations, à leurs pouvoirs grandissants dans l’espace public, à leurs abus, et aussi aux moyens de les combattre. Paru juste après les émeutes de protestation lors du sommet de l’OMC de Seattle, fin 1999, émeutes considérées comme les premières grandes protestations alter-mondialistes, NoLogo devient immédiatement un ouvrage de référence de la mouvance anti-mondialisation.
Journaliste contribuant désormais à des journaux prestigieux comme The Nation, The Guardian ou Rolling Stones, Naomi Klein publie en 2002 Fences and Windows (en français « Journal d’une combattante »), un recueil de textes et articles sur tous les aspects concrets de la lutte alter-mondialiste, et participe à de nombreux projets dont la réalisation de film sur le phénomène des entreprises autogérées.
En 2008, est enfin sorti le troisième et dernier livre en date de Naomi Klein, The Shock Doctrine (« la Stratégie du Choc »), encore un ouvrage qui fait du bruit dans le landernau. Avec la redoutable efficacité qui est sa marque de fabrique, la Canadienne y développe la thèse que le capitalisme et le (néo)libéralisme utilisent (ou provoquent) de grands « chocs » (guerres, catastrophes naturelles, changements de pouvoirs dans des pays…), qui déstabilisent des populations entières, afin d’imposer des réformes libérales profitant aux entreprises mais pas aux populations, suivant en cela les préceptes de l’économiste Milton Friedman et de ses Chicago Boys adeptes d’un capitalisme pur et dur.
La Stratégie du Choc tisse en somme un fil conducteur se voulant cohérent entre tout ce qui fait horreur à n’importe quel activiste alter-mondialiste (grandes corporations, doctrine économique libérale, impérialisme, CIA, etc.). C’est un pamphlet contre « la montée d’un capitalisme du désastre » que Klein veut dénoncer avec force. Et là encore, le succès est au rendez-vous. Succès critique, qui fait de Naomi Klein une figure incontournable de la nouvelle gauche alternative américaine, et succès populaire grâce auquel elle fait salle comble à chacune des nombreuses conférences qu’elle donne à travers le monde.
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Evidemment, Naomi Klein a de très nombreux détracteurs, le journal The Economist allant jadis jusqu’à titrer à propos d’elle « pourquoi Naomi Klein a besoin de grandir », manière de dire que la prose convaincue de l’auteur manquait souvent de sérieux et de rigueur. Néanmoins, notre alter-mondialiste du XXIème siècle fait front et ne compte surtout pas s’arrêter dans son combat. Nombreux sont ceux prêts à la suivre, et pas seulement parce qu’elle a un plus joli sourire que José Bové.
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