Margaret Thatcher, la Dame de Fer d’Angleterre

« Car aucune femme sur la planète ne sera jamais plus con que son frêre, ni plus bête, ni plus malhonnête, à  part peut être Madame Thatcher » – Voilà  ce que disait en substance le chanteur Renaud (qui manifestement a des idées préconçues sur les femmes) de Margaret Thatcher, dont le surnom « la Dame de Fer » vint à  l’origine de la presse soviétique. De son côté, l’ancien Président américain Ronald Reagan avait coutume de dire d’elle qu’elle était « l’homme le plus important d’Angleterre ». Le moins qu’on puisse dire, c’est que Maggie ne laisse pas indifférent encore aujourd’hui. Chacun l’adule ou on la déteste, l’admire ou la honnit, selon ses convictions politiques…

Ces réactions s’expliquent par les combats politiques (mais pas seulement…) très durs que Margaret Thatcher a mené avec succès durant ses différents gouvernements. Ils s’expliquent aussi par la manière avec laquelle elle les menait : de front et en force, jusqu’au bout.

Au début des années 80, la vie politique anglaise est ainsi rythmée par les réformes radicales menées par son Premier Ministre, qui, en libérale conservatrice qu’elle est, privatise des pans entiers de l’économie britannique. En même temps à  cette époque elle sort également vainqueur d’un bras de fer acharné avec les syndicats de mineurs anglais (la célèbre grêve des mineurs). En 1981, elle refuse d’accorder le statut de prisonnier politique à  des nationalistes irlandais en grêve de la faim. Dix d’entre eux y laissent leur vie alors que Margaret Thatcher reste, elle, inflexible. Début 1982, après le coup de force des généraux argentins, la Dame de Fer envoie illico la flotte de sa Majesté au fin fond de l’atlantique sud pour reconquérir deux poussières d’empire, les archipels de Géorgie du Sud et des Malouines.

Grace a de tels faits d’armes, à  ses convictions et à  sa personnalité déterminée, Margaret Thatcher devient un des plus grands personnages de la vie politique anglaise, ainsi qu’une des icones, avec Ronald Reagan, de la révolution conservatrice des années 80. Mais ce qui est intéressant dans la vie de cette femme, libérale conservatrice de droite qu’on imaginerait volontier aristocrate, c’est un parcours de self made woman à  contre courant de son milieu et plein de modernité.

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Anoblie qu’en 1992, Margaret Roberts naît en 1925 dans un milieu middle class modeste politiquement bien plus progressiste que conservateur. Pourtant, elle développe très vite de solides convictions libérales, expliquant, lorsqu’à  24 ans elle est le plus jeune candidat de l’histoire pour la Chambre des Communes : »en 1940, ce n’est pas l’appel à  la nationalisation qui a poussé notre pays à  combattre le totalitarisme, c’est l’appel de la liberté ».

Margareth Thatcher devient 1er ministre en 1979Diplomée à  l’époque de chimie (elle reprendra plus tard des études de droit), elle se marie à  Denis Thatcher, homme suffisament aisé pour permettre à  sa femme de persévérer en politique. Enfin élue en 1959, elle fera 15 ans d’apprentissage du pouvoir marqués par une ascension très rapide. De son passage au ministère de l’éducation et de la science de1970 à  1974, elle tirera un enseignement capitale pour la suite de sa carrière : ne pas s’exposer en vain sur tout, bien choisir les combats à  mener au bout, coûte que coûte.

Arrivée à  maturité politique, Margaret Thatcher devient en 1975 la première femme chef du parti conservateur, poste qui la mène quatre ans plus tard au 10 Downing Street après une campagne durant laquelle elle sera la première à  utiliser les services d’une agence de communication privée. Elle est alors la première femme premier ministre d’Angleterre et d’Europe. En dirigeant son pays durant trois mandats successifs, elle bat le record de longévité à  ce poste (égalé depuis par Tony Blair).

10 Downing Street, Mémoires de Margaret Thatcher Margaret Thatcher, de l'épicerie à  la chambre des Lords

Aujourd’hui, la Dame de Fer est agée de 83 ans et vit retirée de la vie publique. Le dernier fait d’arme de cette pionnière du monde politique est d’être le premier chef de gouvernement britannique a avoir, de son vivant en 2007, sa statue dans la chambre des communes. Elle déclare à  cette occasion « j’aurais préféré une statue en fer, mais le bronze me convient. Elle ne rouillera pas ». Qu’on l’apprécie ou pas, Margaret Thatcher trone donc désormais dans la chambre des communes aux côtés de trois grands hommes, Winston Churchill, Lloyd Georges et Clément Attlee, et son souvenir n’est pas près de rouiller de l’autre côté du channel