Hillary Clinton : l’ex-future présidente des USA…

Hillary Rodham ClintonQuelle belle histoire à  l’américaine c’eût été ! Jusqu’à  2008 le chemin d’Hillary Rodham Clinton semblait tout tracé. L’épouse, bafouée, du président Bill Clinton, considérée comme une des plus brillantes femmes politiques de l’histoire américaine, était promise à  l’investiture démocrate avec de très bonnes chances de succès en 2008. C’était sans compter sur l’irrésistible phénomène Obama, avec son histoire à  lui encore plus belle, qui a finalement raflé la mise. Petit retour sur la trajectoire d’une femme qui, après tout, n’a peut être pas dit son dernier mot…

C’est vrai que du point de vue de la stricte performance, outre le fait d’être la première femme présidente des USA, une Hillary élue en 2008 aurait réussit un étonnant doublé en étroite collaboration avec son mari. First Lady puis Présidente quand celui-ci aurait été Président puis First Man du pays. Deux doubles carrières politiques conjointes (c’est le cas de le dire…) au service des deux ambitions respectives… Jolie démonstration de « parité » dans le couple !

Avec Hillary Rodham Clinton, on est loin de l’image, souvent injuste et désobligente, de potiche qui colle habituellement aux femmes de présidents. Dans la prestigieuse bibliothèque de la prestigieuse université de Yale, où elle termine ses études de droit pour devenir avocate, c’est elle qui aborde son futur mari Bill Clinton quand celui-ci la regarde avec insistance au lieu de potasser ses cours à  lui. C’est au début des années 70. Cette rencontre entre deux individus ambitieux sera le début d’une longue histoire… Le mariage a lieu en 1975 et premier rôle de First Lady, celui de l’Etat d’Arkansas, en 1978. Bill et Hillary ont juste 32 et 31 ans ! Leur fille unique, Chelsea, naît en 1980.

Le couple Clinton se marie...A l’époque, Hillary est une avocate très active en plus d’une femme aux convictions politiques solides. Après avoir participé à  la lutte pour les droits civiques dans les années soixante, elle s’investit dans de nombreux projets et dossiers liés par exemple à  l’éducation, aux droits des femmes, etc. Elle reste active et indépendante, peut-être même trop. Ainsi, après la défaite de son mari briguant la reconduction à  la tête de l’Arkansas en 1982, on lui fait remarquer que pour une femme de gouverneur dans un Etat plutôt conservateur, ce n’est pas très approprié de garder son nom de jeune fille…




Hillary s’adapte donc, tient son rôle. Bill pourra ainsi compter sur sa totale collaboration pour ses réélections en Arkansas de 1982, 84 et 88, et à  la tête des USA en 1992. Par contre, pour une First Lady, elle restera toujours très impliquée dans de nombreuses activités sensibles et éminnement politiques. Bien que venant d’un environnement plutôt conservateur, elle-même étant une protestante méthodiste pratiquante, sa participation à  un groupe de travail visant à  réformer le système de santé américain (cela aboutira à  un projet de réforme qui fera un tolé…), ses prises de positions incessantes en faveur des femmes, du droit à  l’avortemment, ou autres dossiers sociaux, feront d’elle un épouvantail liberal (au sens américain du terme, c’est à  dire « gauchiste ») dans les milieux conservateurs.

Hillary Clinton : Une Ambition First Ladys, d'Eleanor Roosevelt à  Hillary Clinton Bill Clinton : Ma Vie

Sans renier ses convictions, Hillary emploiera beaucoup d’énergie à  gommer cette image auprès des Américains, notamment lorsqu’elle visera ses propres mandats électoraux. Et paradoxalement, c’est au cours de l’affaire Monica Lewinsky, avec son attitude très digne de femme qui, bien que blessée aux yeux du monde, soutiendra toujours son mari, qu’elle entamera son recentrage et prendra une autre stature que celle de la « femme de » qui se mêle de ce qui ne la regarde pas. Chronologiquement, c’est aussi à  cette époque qu’elle commence à  préparer sa propre carrière politique à  elle. Désormais, « un prêté pour un rendu » disent les mauvaises langues, Hillary roulera pour elle avec l’aide de Bill.

Cette nouvelle carrière commence en 2000. Bill termine son second mandat avant de laisser sa place à  Georges W. Bush quand Hillary, après quelques péripéties, parvient à  se faire élire sénatrice de l’Etat de New York. On lui prête dès lors des ambitions plus grandes à  tel point qu’on attend sa candidature à  l’investiture démocrate dès les présidentielles de 2004. Mais elle sait que le moment n’est pas encore venu.

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Alors elle patiente quatre ans de plus. Quatre ans pour emmagasiner plus d’expérience en étant par exemple réélue triomphalement (68% des voix) aux élections midterm de 2006, quatre années pour peaufiner son positionnement plus centriste (avec des vues plus nuancées sur ses thèmes de prédilection comme l’IVG, etc), quatre ans pour achever d’acquérir la stature d’une première femme présidente… Si bien qu’aux prémices de la campagne, alors que s’achève très laborieusement un second mandat républicain, Hillary Clinton est semble-t-il la candidate naturelle des démocrates, la favorite attendue pour succéder à  Bush.

Le duel Clinton-Obama des primaires...Et là  surgit de nulle part, enfin de Chicago, un jeune sénateur, Barack Obama qui va boulverser la donne. Peu de gens l’avaient vu venir, encore moins auraient pu prédire l’immense engouement qu’il allait susciter. L’affrontemment, lors du marathon des primaires, entre l’éventuelle première femme et l’éventuel premier afro-américain président, est jusqu’au bout d’une rare intensité. Hillary Clinton, peu à  peu dépassée par le phénomène, déploie tout son savoir-faire, oscillant entre des attaques parfois très dures contre son concurrent (« shame on you barack Obama »…) et des larmes sur un plateau télé. Obama l’emporte finalement de peu.

Ironie du sort, Hillary Clinton, qui avait tant oeuvré pour se bâtir une stature et une légitimité « centristes » chez les Américains, a été débordée à  gauche dans la lutte des idées. Celle qui s’était aussi forgé une image de femme expérimentée a été reléguée au rang de politique carriériste représentante d’une dynastie politique hasbeen, par le discours de « changement » d’Obama. En un sens, elle s’était construite pour se présenter à  tous les Américains en oubliant peut-être un peu les primaires de son parti et les surprises qu’elles suscitent parfois…

En annonçant le 7 juin 2008 son ralliement à  la candidature Obama, Hilary Clinton renonce donc à  l’ambition de sa vie. Le choc est très rude. Et si la sénatrice de New York joue parfaitement le jeu publiquement, la colère du « clan Clinton » semble passer par Bill qui se lâche en commentaires assassins à  plusieurs reprises sur Obama, notamment lors de la désignation des vice-présidents possibles du ticket démocrate à  venir…

Hillary Clinton reste cependant dans le grand bain politique puisqu’elle succèdera à  Condoleezza Rice en tant que Secrétaire d’Etat de la première administration Obama (Affaires Etrangères). Une nouvelle carrière, un nouveau poste pour l’ex-future présidente. Cela en est-il définitivement terminé de ses ambitions présidentielles ? Il est trop tôt pour le dire. A moins d’un premier mandat catastrophique on voit mal Obama ne pas se représenter en 2012, ce qui repousse probablement le tout à  2016. « Putain 8 ans » dirait notre « ex » à  nous…