Diane Arbus, photographe de l’étrange

La vie de Diane Nemerov a toujours plus ou moins baigné dans la photographie, même si elle ne la côtoyait, au début, qu’en tant qu’observatrice. Diane, fille d’un couple nanti de New York City, rencontre celui qui allait devenir son mari, Allan Arbus, à l’âge de 14 ans. Ils se marient quelques années plus tard et ouvrent leur petite affaire : une boutique de photographie de mode. Diane ne passe pas réellement derrière l’objectif, elle s’occupe plutôt du démarchage des clients et du stylisme des modèles… C’est peut-être de là que naît une certaine frustration, elle est dans l’ombre de son photographe de mari et n’ose pas réellement se lancer!

Ni l’un ni l’autre n’aimaient l’univers de la mode, et c’est en 1956, 15 ans après leur mariage, que Diane décide de prendre son indépendante « créative », de quitter le studio de son mari et de commencer à arpenter les rues pour photographier… Elle étudie la photographie et commence à trouver son style si particulier. Diane Arbus s’intéresse avant tout à l’ordinaire new-yorkais, aux gens de tous les jours (ce qui contraste fortement avec les photographies de mode dont elle avait l’habitude de s’occuper…) Mais paradoxalement, son objectif trouve surtout des individus définis comme marginaux : des géants, des nains, des sœurs siamoises, des drag queens, des employés de cirque… C’est avant tout ce qui attire l’œil de Diane, même si tout au long de sa carrière elle aura peur d’être uniquement définie comme la photographe des « freaks » (tarés, marginaux). En 1963, Diane remporte une subvention du musée Guggenheim pour photographier  les « American rites, manners, and customs », ce qu’elle réalise à la perfection, toujours avec ses clichés en noir et blanc, et la plupart du temps en format carré, ce qui devient sa marque de fabrique.




Son indépendance artistique lui vaut aussi de se séparer de son mari. Même s’ils resteront toujours proches, Diane ne trouvera plus réellement d’équilibre sentimental, ni mental, puisqu’elle enchaîne les périodes de dépressions. C’est d’ailleurs lors d’une de ces périodes sombres que Diane se suicide, à 48 ans.

Le travail de Diane Arbus est unique, et a déchaîné les passions. Elle montrait ce que les gens ne voulaient pas forcément voir. On lui a souvent reproché de photographier des laideurs, et de ne pas réussir à entraîner la compassion chez le public qui visionnait ses œuvres… Mais peut-être que son but était justement de dé-marginaliser ses sujets… Mais Arbus demeure surtout l’une des plus grandes artistes américaines…